Le Cul Tanné de Confucius

 

 1515 km de vie à deux

Depuis notre périple Moto Macho au Portugal, ma Harlette se morfond au garage, j’ai bien fait quelques timides sorties, mais rien qui ne la satisfasse vraiment. Alors quoi faire pour lui remonter le moral. Une idée germe, pourquoi ne tenterions nous pas tous les deux le Cul Tanné, 1515 km de vie à deux ?

Oui mais compte tenu de mes 72 ans vais-je, sans prendre de risques idiots, assurer à ma belle un tel périple ?

Je nous fixe un contrat de confiance :

  - ne pas rouler de nuit et choisir une fenêtre météo favorable
  - faire une boucle pour être au bercail le soir
  - trouver un itinéraire sympa et atteindre un point singulier
  - privilégier  l’autoroute un jour de semaine, éviter les axes  chaotiques des vacanciers

Après quelques tergiversations, bingo, le viaduc de Millau sera le but de notre escapade. Mais bon sang c’est bien sûr !

Je me jette sur Google Maps, après plusieurs tentatives, ce sera Arcachon, Clermont- Ferrand, Séverac le Château, Le viaduc, Narbonne, Toulouse, Bayonne et retour par Mont de Marsan et l’A65 pour Bordeaux puis retour Arcachon. Soit une estimation de 1620 km et 16 h de trajet.Le Cul tanné est assuré, et plus si….

 

Fenêtre météo le 1er août : c’est parfait, je garde néanmoins en réserve le périple de San Bernardo et Julius au cas où les prévisions se dégradent.

Je fais belle Harlette, elle est aux anges, chargements de quelques matériels : vêtements de pluie, eau, … Elle comprend vite. Je prépare mon GPS qui ne sera utilisé qu’en cas de gourance car le chargeur est hs et la batterie ne tiens que 7h.J’installe une lecture vitesse tête haute avec visuel sur le parebrise.

1er aout 5h15, les sonorités d’Harlette ont dû réveiller les voisins, bien que la poignée de gaz n’ait pas été essorée. Sortie du garage, dernières vérifications et à 5h 25 précise c’est parti, je relève 32397 km au compteur

Le ciel crache ses étoiles, la lune est pleine, l’air embaume la belle journée, la circulation est hyper fluide. Josette est contente elle ronronne. Nous voilà au péage d’Aveyres, l’A89 s’ouvre à nous : direction Brive et Clermont Ferrand. Tout baigne… sauf que de gros nuages gris apparaissent avec le lever du jour, tant pis on y est on y va, du coup ils reculent et disparaissent.

Bientôt le voyant carburant s’allume pour la première fois au bout de 128 km, j’ai oublié de faire le plein au départ. Arrêt, plein, achat de deux RedBull, dont un bu de suite et deux Mars.

On repart, Ginette piaffe de joie, régulateur de vitesse calé sur 137 compteur, soit 130 réel (lu sur le parebrise), après un lever de soleil superbe le ciel est pur, peu de circulation. Le couple de chair et d’acier traverse la Dordogne et déjà les contreforts du massif Central apparaissent, nous montons à 1150 m il fait frais.En ombres chinoises on perçoit le Sancy….
Ca fait un bout de temps que je n’ai pas vu de pompe essence….zut mon témoin s’allume…l’indicateur me dit 35 km encore possible… Oh ! Non pas une panne d’essence aujourd’hui !…toujours pas de panneau avec une pompe…Nanette a soif…et puis soudain : prochaine sortie « dépannage essence » ouf !  Voici mon périple sauvé. Mais Cosette me ment car nous n’avons fait que 260km. Bon pour cette fois ça va, mais elle m’a coûté cher en essence à 1,79€ le litre

sortie Sancy, la pompe de dépannage

.On repart le paysage est superbe, les senteurs sont là, aucune turbulence sur le casque,pas de circulation, le bonheur à deux avec Ariette.

Il est 10 h on passe Clermont Ferrand, la circulation devient dense se partage entre camions, véhicules locaux et vacanciers. Il faut redevenir très vigilant, d’autant que ça tourne dans la vallée et que les panneaux de limitations de vitesses fleurissent. Le ciel est lourd, mais nous roulons bon train, puis patraque un bouchon…, je surveille mes rétros et la voiture qui me suit, je remonte la file, c’est un des avantages de la moto, les passings sont allumés, les voitures s’écartent sur les 5 km d’embouteillage, et là à 505 km du départ la DDE locale a décidé de refaire les lignes blanches. Un premier août ! Moi j’aurai choisi le 4 août un samedi noir de fort départ !

Nous voilà reparti, nous sortons de la vallée, sur la droite on laisse les plateaux de l’Aubrac et s’offre à nous les paysages aveyronnais offrant de superbes perspectives. La route est moins chargée, avec Louisette nous reprenons nos bonnes habitudes : régulateur d’allure et vitesse 137 compteur soit 130 réel.

Il est temps de se reposer, Séverac le Château est annoncé. Refaire les pleins, manger un morceau, il est 12 h et 680 km. On a pas mal roulé plus de 100 km/h de moyenne compris  les arrêts.


Vue sur Séverac le Château

Un homme jeune engage la conversation en bavant de désir devant Harlette. Il est avec sa famille mais possède une Suzuki, ersatz de Harley, avec laquelle il roule beaucoup. Je lui indique que je viens de Bordeaux et serai ce soir de retour. Il n’a pas voulu me croire. Nous nous quittons et je repars pour le viaduc à quelques km de là.

Majestueuse la vue de cette autoroute qui dévale sur ce viaduc tout la bas. Il s’offre à elle.Un immense voilier planté en plein Larzac, œuvre humaine, une architecture somptueuse. Intégration de l’esprit humainà la nature. Emotion !

Du parking qui lui est dédié aucune vue sur le viaduc, il faut aller à pied, je n’ai pas le temps, je m’arrête sur la BAU pour faire une photo. Ben quoi, on n’est pas venu jusque-là pour repartir sans souvenir ! Péage puis traversée du Tarn se pavanant 270 m en dessous, vue imprenable.


Ce voilier immobile nous fait voyager

De l’autre côté le plateau du Larzac vêtu de tous les camaïeux d’ocres jaune et sienne. Quelques taches blanches : les moutons. Lucette est heureuse, elle m’emmènerait au bout du monde, si il y en avait un.

Bézier Cabrial signe la fin de l’A75 et de ces insolents spectacles. Depuis Clermont jusqu’ici l’autoroute est gratuite. Il va falloir reprendre les mauvaises habitudes : payer pour rouler.

Ah ! la pluie me surprend ainsi que Mariette, elle s’en fout et moi aussi, d’ailleurs ça s’arrête.

Nous empruntons l’A9 chargée, je ne l’aime pas.La vigilance est hautement recommandée. Le temps est maussade, le gris domine.

Ce sera ensuite l’A61, avec un petit arrêt à Arzens, la Claudette a soif. Il est 15 h, ça fait 9 h 30 que je roule et 900km parcourus. Il en reste 615 mini à faire.

Toulouse est passé, le ciel s’éclaircit, on passe le Muret et en route pour Pau et Bayonne par l’A64. Personne. On remet le régulateur calé à130 et on roule. La fatigue se fait sentir, depuis ce matin j’ai bu deux Red Bull et mangé deux Mars, par contre la Gloutonnette a déjà bu 66 l de carburant.

L’aire Pyrénées Sud s’offre à nous, ça fait 11 h que Claudette ronronne, il ne faudrait pas qu’elle me fasse une extinction de voix. Repos pour tout le monde. Le plein est fait, un sandwich, de l’eau fraiche sont consommés et l’on repart au bout de 35 mn.

Le ciel s’est voilé, les Pyrénées sont invisibles, la lassitude s’installe, les épaules se raidissent, il n’y plus le même goût d’aventure mais le sentiment d’avoir vécu quelque chose. Il faut maintenant finir ce périple dans les meilleures conditions de sécurité.

Alors question : est-ce que je poursuis le tracé initial ou est-ce que je le raccourci en remontant par l’A10 : Bayonne Arcachon direct? Décision est prise : n’allons pas chatouiller le malin, Sylvette est d’accord avec moi. Raccourcissons !

On passe Pau on arrive à Bayonne direction l’A10. Bonne surprise : les limitations à 90 km/h pour travaux ont disparu, les 110 peuvent être maintenus en continu.



Départ

Dernier arrêt pour faire boire Minette à Lesparon, il est 19h30 nous avons parcouru 1380 km. Le reste du parcours jusqu’à Arcachon ne sera pas suffisant pour boucler le 1515 km du Cul Tanné. Avec Minette nous décidons de remonter jusqu’à Cestas pour faire le plein de km.

A 21 h30 arrivée à la maison, 1530 km parcourus, une expérience, des découvertes, 16h de partage avec Harlette qui comme vous le constatez aime avoir plusieurs prénoms, ce sont mes multiples maitresses fictives. Fictives, oui, sinon elle serait jalouse.

Voilà c’est fait !



Arrivée

   
Confucius a dit : plus les kilomètres passent plus la tête se vide et plus le cul se tanne.

Remise du Patch à Faaker See entre deux verres

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