En toute honnêteté, mon binôme d’arsouille, le Sieur « Doudou » dit aussi « The Finger » (il vous expliquera pourquoi un de ces jours…) et moi-même n’avions pas dans l’idée au départ de relever ce fameux défi du «Cul Tanné» tenu jusqu’à présent par nos amis Julius et San Bernardo.
Nous devions sans respecter vraiment un timing précis, prendre un cap au 190° d’Andernos et descendre le plus vite possible jusqu’à la pointe sud occidentale de l’Europe à Sagresse précisément.
En prévoyant une halte à la concentre annuelle de FARO puis ensuite remonter tranquillement en 4 ou 5 jours au grè des chemins à travers le Portugal et l’Extremadura, région toute aussi extraordinaire du centre de l’Espagne …
"Le Pils"
"Doudou" ou "The Finger"
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Mais voilà l’histoire en décidera autrement :
14 Juillet 2011, 10h00 (heure locale) juste avant le défilé… nous levons l’ancre et quittons notre port d’attache: Andernos (33)
Encore une fois et malgré avoir juré de rouler « Light » nos deux brêlons ressemblent plus à deux bourrins harnachés parés pour une croisade plutôt que pour une petite virée entre potes avec juste de quoi se faire propre à l’étape … bref !
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Le Fat du Pils |
Le Street Bob de Finger |
Très vite nous prenons notre vitesse de croisière sur la N10 , et en moins de temps qu’il n’en faut pour vous le dire nous passons les Pyrénées et sa météo locale surprenante qui nous rappelle au demeurant que ce sont des montagnes et que plus on monte plus la T° descend, ouais rien d’étonnant jusque là en fait… et pourtant c’est l’été sur le calendrier …
Les tunnels et les courbes s’enchainent… « re-fueling » tous les 200 – 250 kms environs histoire de détendre aussi un peu les gambettes
Puis piqué sur Valladolid et là plus on descend plus la T° … bon… je vais pas vous la refaire !
Et les kilomètres s’enchainent , l’envie d’aller plus loin arrive en même que celle de s’arrêter disparait … (houlà … ca c’est de la philosophie de riders ou je ne m’y connais pas)
Après une halte vers 14h00 pour ravitailler pilotes et machines (impossible de manger quoique ce soit en Espagne avant cette heure ) nous étions encore bien décidés de faire un break et de passer la soirée à Valladolid …
Est ce du au confort légendaire de mon « Fat « (humour… :-) ou du « Street Bob » de mon camarade de jeu , ou de ces nombreuses boissons énergisantes avalées goulument à chaque étape ?
De toute évidence , la fatigue qui en générale pointe son nez au bout de 3 ou 4 heures de route , est absente… rien … nenni … que dalle … pas le moindre picotement dans les lombaires pas la moindre douleur dans la fesse droite ou gauche …
Etrange…voir surnaturel !
Le soleil , une température raisonnable, des paysages magnifiques , tous nous poussent à continuer …
Oubliée l’étape à Valladolid, ça restera jusqu’à notre retour juste un nom sur une pancarte d’autoroute comme Madrid ou Séville d’ailleurs…
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Et au rythme des ravitaillements , la nuit arrive doucement nous apportant un peu de fraîcheur et du coup encore plus l’envie d’en découdre avec le macadam …
Nos deux machines ronronnent comme deux vieux DC3 , 110 -120 de croisière, T° et pression d’huile : ok , T° de l’air : respirable … nickel …
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Quelques angoisses nocturnes de fin de réservoir pimentent notre périple , mais paradoxalement il suffit de quitter l’autoroute pour trouver des stations ouvertes 24/24 dans la plupart des villages ibériques...
Et hop … un plein, un «Taureau Rouge »
et c’est reparti.
Vous avez tous un jour ressenti cette sensation en quittant une station service d’avoir remis le compteur à zéro et pas seulement celui de la machine mais aussi celui du bonhomme , une sorte de « second souffle » du rider … et bien nous y sommes et plus rien nous arrête…
les sons des 2 V-Twin roulant côte à côte se mettent en résonnance , les esprits s’échappent et les kilomètres défilent… énorme …
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4 heures du mat des lueurs au loin , un pont suspendu , nous approchons de FARO … une activité nocturne inhabituelle à cette heure là règne dans la ville nous passons de la solitude enivrante de la route et à une espèce de ruche grouillante motorisée …
Il y’a des bécanes partout … mais plus nous approchons du site plus nous perdons l’espoir d’un repos bien mérité …
Comment vous expliquez ?
Avez-vous vu le film de Robert Rodriguez avec George Clooney et Quentin Tarantino , intitulé : Une Nuit en Enfer, hé bien c’était à peu près l’ambiance locale…
Habituellement je ne suis pas contre une certaine folie débridée voir un tant soit peu décadente et vibrante au rythme des décibels déchainés digne d’un jet en post combustion … mais là … c’était comment dirais je
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un peu trop !
Malgré cela nous décidons de tenter une halte entre deux hauts parleurs d’un gigawatt chacun …
Nous n’avons pas tenu plus d’une heure avant de «tilter» !
A ce moment là, les quelques neurones qui nous restent encore aptes à émette un signal «neurobiologique» nous invitent à reprendre la route illico et à tracer vers l’extrême Sud Ouest qui nous attend à bras ouvert et au calme…
Et nous n’avons toujours pas dormi … c’est dingue !
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Petit dèj copieux pour requinquer les riders : jus d’orange et pâtisseries locales extraordinaires certes un peu sucrées mais il fallait bien ça …
Et arrivée à Sagresse… enfin …
Comme disait un de nos ex-présidents : « Y’a pas à dire c’est loin, mais c’est beau… »
C’est en arrivant sur ce magnifique site vers 09h00 du matin heure locale (en fait il est 10h00 à nos montres…
1 heure de décalage avec la France), que nous réalisons sans avoir vraiment vérifié le kilométrage que le record du «Cul Tanné» avait du tomber mais j’avoue à cet instant que notre principale motivation était de souffler un peu et commencer en fait un voyage plus kool à travers ces 2 superbes pays qui le méritent bien…
Mais ça c’est une autre histoire …
Le Pils & Doud’s « The Finger »
P.S : En revenant, j’ai quand même changé ma selle d’origine « en bois » par une « Mustang » et Doud’s son « Street Bob » pour une « Switch Back » … du coup ca sent bon l’arsouille en 2012 …